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AU Xe SIÈCLE, LES LUSIGNAN ÉTAIENT DÉJÀ EN POSSESSION DE PLUSIEURS " ALLEUX " (TERRE LIBRE SANS SEIGNEUR). UN ACTE DE 1009 FAIT MENTION D’UNE AGGLOMÉRATION (« URBS »).

UN « GRAND PONT » FRANCHIT ALORS LA VONNE AU PIED DU « CASTRUM », ESPACE FORTIFIÉ, FAVORISANT LE DÉVELOPPEMENT D’UN SITE URBAIN.

 

 

• Au XIIe siècle, la ville était construite sous le château, fermant l’accès au promontoire.

 

• Au XIIIe siècle, si une enceinte ne protège pas alors la ville, il est envisageable qu’Hugues X et Isabelle d’Angoulême en aient eu le souci.  En effet, de concert avec leur politique d’extension, ils ont été des bâtisseurs de forteresses, et notamment à Angoulême où ils se sont installés. De surcroît protéger la ville des Lusignan, c’était aussi assurer la sécurité de leur château, lequel avait déjà ses propres lignes de défenses.

 

• Au XIVe siècle, Lusignan, grâce à son château, était considérée comme une place forte, ce que la plupart des villes de la région n’étaient pas.

 


Les origines

 

Selon les prospections archéologiques menées en 1994 par Sylvère Bignault, l’habitat à l’époque gallo-romaine, dans l’actuel canton- ou dans le secteur- de Lusignan, se concentrait à 83% dans la vallée de la Vonne ou dans les environs proches. Deux sites ont ainsi été inventoriés : l’un au pied de Lusignan, à proximité de la Vonne, l’autre à Pranzay.

Les sources rendent difficilement définissables la nature de ce peuplement primitif.

On peut toutefois penser que l’habitat gallo-romain était principalement constitué de villae. L’occupation humaine est fortement affectée par les crises successives qui conduisent à la chute de l’Empire romain d’Occident en 476.

 

Pour les cantons de Lusignan et Vivonne, Sylvère Bignault ne répertorie plus que neuf sites pour le bas-Empire contre trente-huit pour l’époque précédente. Les deux sites de Lusignan et Pranzay font partie de ceux qui disparaissent. La villa de Pranzay est toutefois mentionnée dans un texte daté de la fin du VIIe siècle.

 


Description des fortifications

 

Si les « hautes murailles et tours épaisses » décrites par Coudrette, au XVe siècle, n’apparaissent plus, la haute ville, elle, en a gardé la forme générale et conserve les vestiges que l’on peut encore apercevoir çà et là. Les murs nord et sud épousent le tracé de l’escarpement naturel allant, respectivement d’est en ouest, de la rue de la fée Mélusine à la rue de l’Echelle de Pierre pour la partie sud et de la place du Bail à la rue de Vauchiron pour la partie nord.

 

Les fronts oriental et occidental étaient protégés de murailles précédées par de larges fossés aujourd’hui comblés. Des tours de plan circulaire ou quadrangulaire flanquaient irrégulièrement l’enceinte.

 

Fortifications ville muraille sud 1a

1 - Fortifications ville muraille sud

cestpas 1a

2 - Base tour du château

Tour nord porte ville archere ouest 1a

3 - Porte-ville-archere-ouest-Tour nord

A l’ouest, les rues de Vauchiron et de l’Echelle de Pierre suivent le tracé des anciens fossés. Il est intéressant de noter qu’elles adoptent la ligne d’un segment de cercle plutôt régulier. Le fossé a été transformé dès le milieu du XVIIe siècle en jardins.

 

Au XVIe siècle, Il n’y avait que deux portes pour accéder à la haute ville.

L’une à l’ouest est à nouveau visible depuis peu, à l’entrée de la haute ville par la rue Babinet. Les deux tours qui la composent ont été dégagées récemment. Au Moyen Age, elles formaient un châtelet d’entrée et présentaient plusieurs niveaux défensifs, notamment en partie basse de la tour nord avec des archères canonnières défendant les fossés et encore conservées.

 

Devant cette porte allant vers la Fon-de-Cé se trouvaient plusieurs maisons détruites en 1574 pour préparer la défense de la ville et remplacées par un fort, le fort du Lion. Cette porte, appelée « la porte du Parc », donnait l’accès à un chemin qui descendait vers un moulin en direction du Parc. De cette porte, à droite, en venant de la Fon-de-Cé, la visibilité s’étendait depuis le sud-est jusqu’au midi, et à gauche, de l’ouest au nord. Appelée « la porte haute ou la porte des Merciers » au XVIIe siècle, elle était toujours encadrée par deux tours circulaires. L’accès s’effectuait par un pont-levis, puisqu’une ordonnance de 1670 demande à ce que la fosse soit « comblée de pierres et graviers » étant donné « que les hayes et bois dud[ict] pont sont entièrement cassez, pourris et rompus. »

 

L’autre porte se plaçait à l’est « du costé de la basse ville ».

Elle devait commander le haut de l’actuelle rue de la fée Mélusine et était orientée à l’est. Selon les chroniqueurs du XVIe siècle, sur son front oriental, la ville haute était défendue par deux fossés et par une tour non flanquée qui « commande à la ville » (= surveille) et à « l’avenue du château » (actuelle place du Bail) dont l’accès s’effectuait par la « porte de la ville ». Ces fossés étaient très larges et profonds, « de celui du dehors, il était presque impossible d’aller à l’assaut », parce que le talus « était fort haut et faisait une pente très raide qu’on y pouvait monter que par escapade ».


Le document d’arrentement du XVIIe siècle nous précise que la place du Bail est une place publique agrandie à l’occasion du comblement du « grand fossé qui estoyt entre la ville et led[ict] chasteau ». Dénommée « porte basse » au XVIIe siècle, elle présentait la même facture que la porte haute, puisqu’un document d’arrentement de 1627 mentionnait une de ses tours (cette porte avait été en grande partie détruite lors du siège de 1574).

 

Les seuls édifices ou équipements mentionnés par les chroniqueurs du XVIe siècle, dans la haute ville de Lusignan, faisaient état, notamment, du temple (l’église), ainsi que du prieuré attenant pourvu d’une tour et de vieilles murailles qui faisaient partie des défenses de la ville jusqu’au château. A l’intérieur de la ville il existait une halle. On apprend aussi que plusieurs moulins à bras fonctionnaient dans cette partie de la ville. Seulement deux puits existaient, à l’eau « assez mauvaise et pouvant être épuisés facilement ». La ville était entourée de murailles et de fossés.
Ces quelques vestiges n’aident pas à retrouver la description enjouée écrite par Coudrette au XVe siècle. Il est conté que « l’ouvrage fortifié est superbe, les fossés profonds et larges, tapissés de pierres de tous côtés. Les portes du bourg sont jumelles et fort belles en vérité. Et entre le bourg et forteresse, il y a une construction prodigieusement forte qu’on appelle la tour Trompée dans la ville de Lusignan » d’où les guetteurs sonnaient la trompe.

 

 

Quelques visiteurs illustres :

En 1140, le légat du pape et l’archevêque de Bordeaux

En 1305, puis en 1307, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux et futur pape Clément V ;

En 1586, Henri de Navarre, futur Henri IV ;

En 1669, Claude Perrault, frère de Charles.