APRÈS AVOIR PRIS LA DÉCISION DE PARTICIPER À LA 3e CROISADE, RICHARD CŒUR DE LION, DEVENU ROI D’ANGLETERRE, INNOVA EN CHOISISSANT D’EMPRUNTER LA ROUTE MARITIME. IL S’EMPARA DU PASSAGE DE L’ÎLE DE CHYPRE, ALORS AUX MAINS D’UN TYRAN, ISAAC COMNÈNE, MEMBRE DISSIDENT DE LA FAMILLE QUI RÉGNAIT ALORS SUR L’EMPIRE BYZANTIN.

 

Richard remit alors l’île aux templiers avant de la vendre à Guy de lusignan, son vassal en poitou. Les Lusignan ont alors régné sur l’île de Chypre, carrefour géostratégique de la Méditerranée, pendant près de trois siècles, de 1192 à 1489.

 

 

Carte Chypre sous les Lusignan 1a
Chypre sous les Lusignan

Guy et ses successeurs parvinrent très vite à attirer des populations chrétiennes ayant quitté le royaume dévasté de Jérusalem et à proposer des fiefs aux barons francs.

 

Après sa mort en 1194, son frère Amaury poursuivit la politique entreprise, puis en 1197, fut couronné roi après avoir obtenu l’autorisation de l’empereur germanique de faire de Chypre un royaume.

 

La construction du pouvoir des Lusignan sur l'île de Chypre s'est réalisée par étapes successives. Face à une population autochtone majoritairement orthodoxe et sous domination byzantine depuis plusieurs siècles, Guy, Amaury, puis leurs successeurs ont su attirer les populations chrétiennes des Etats latins d'Orient jusqu'à la chute du royaume de Jérusalem en 1291. La société urbaine du royaume est ainsi devenue très cosmopolite.

 

 

 

Eglise abbatiale Bellapais 1a

1 -Abbaye de Bellapaïs

Kolossi 1a

2 -Fort de Kolossi

Cathedrale Famagouste 1a

3 -Façade cathédrale de Famagouste

Catarina Cornaro jeune 1a

4 -Catarina Cornaro jeune

Dès 1196, Amaury a obtenu l'autorisation papale pour établir à Chypre une Eglise de rite latin avec la mise en place d'un clergé, la fondation de l'archevêché de Nicosie et de trois évêchés, ainsi que la construction d'abbayes et de cathédrales comme à Nicosie (1-abbaye de Bellapaïs).

Ces décisions ont été pour autant acceptées par les habitants de l'île dans la mesure où la religion orthodoxe n'était pas menacée (maintien du clergé grec, etc). De manière générale, les Lusignan ont mis en œuvre une politique d'acculturation, en s'appropriant par exemple les structures administratives laissées par les Byzantins et en gardant une partie du personnel en place.

 

 

Dans le domaine économique, la cession de fiefs à l'aristocratie franque de Syrie-Palestine assura aux Lusignan des revenus conséquents.

Plus tard, l'île bénéficia d’un essor commercial consécutif à l'embargo lancé contre les ports du Proche-Orient tombés aux mains des Arabes (2-fort de Kolossi).

 

Devenue après 1291 la dernière possession occidentale et chrétienne en Méditerranée orientale, l’île de Chypre connut, sous l’égide des Lusignan, une période de prospérité comme en témoigna notamment la ville de Famagouste et ses nombreux monuments gothiques édifiés durant la 1re moitié du XIVe siècle (3-Façade cathédrale de Famagouste).

 

La famille royale mêla alors harmonieusement les différentes cultures et religions.

La société chypriote puisa dans cette diversité et créa un nouvel art de vivre où l’Orient se mêlait à l’Occident.

 

bassin cuivre de HuguesIV

Bassin en cuivre au nom de Hugues IV roi de Chypre

Besant or HenriIer

Besant d'or de Henri Ier roi de Chypre au XIIIe siècle

 

 

Cet « âge d'or » prit progressivement fin à partir du milieu du XIVe siècle avec, par exemple, la guerre perdue contre Gênes en 1373-1374 qui contraignit les Lusignan au versement de colossales indemnités et à la cession du port de Famagouste.

 

 

Puis, en 1473, Venise s’empara de l’île et c’est une de ses représentantes, Catarina Cornaro, épouse du roi Jacques II, qui fut la dernière reine « Lusignan » de Chypre jusqu’à sa mort en 1489 (4-Catarina Cornaro jeune).

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE:
Catalogue d’exposition «Chypre entre Byzance et l’Occident, IVème- XVI ème siècles », 2012, Paris, Louvre éditions-Somogy éditions d’art, 416 p.
Actes du colloque « Les Lusignans et l’outre-mer », Poitiers-Lusignan, 20-24 octobre 1993, Poitiers, 1995, 323 p.
Ces deux ouvrages sont consultables dans les locaux de l’association « Les Lusignan et Mélusine » où est aussi présentée une exposition permanente sur « Les Lusignan et l’outre-mer », réalisée en 2014.